Cette semaine, on a jamais vu autant d’ados sur un podium. Au défilé Dolce & Gabbana de Milan, les 49 mannequins avaient deux points communs : ils sont tous nés à la fin des années 90, et ont tous des milliers de fans sur les réseaux sociaux. Hé oui, la marque a fait appel aux millennials/influenceurs les plus en vue pour honorer sa nouvelle collection.
D’ailleurs, elle l’a bien compris, pour s’assurer du retentissement d’une collection, autant la faire porter par des médias sur pattes… Puisqu’à eux tous, ils comptabilisent environ 100 millions de followers. Ces ados qui règnent sur le digital correspondent parfaitement à la thématique de la collection : la royauté. À ce sujet, ce défilé en dit long. Alors qu’on imagine qu’Internet a permis à des inconnus de devenir célèbres, dans une forme d’égalité des chances, on se rend compte en réalité de la proportion considérable d’influenceurs qui sont « fils et filles de ». Fille de Stallone, fils de Pamela Anderson, fils de Cindy Crawford… Du coup, le nombre de followers en héritage.
Si vous pensez que la jeunesse n’est bonne qu’à liker passivement des publications sur les réseaux sociaux, une vidéo risque de ménager vos certitudes. Cette semaine, deux sœurs balinaises nous prouvent bien l’inverse des clichés sur la génération Y. Du haut de leurs 10 et 12 ans, elles ont mené de front le combat pour interdire les sacs plastiques dans l’île. Elles ont commencé par une pétition, qui a rassemblé 100 000 signatures, puis par une grève de la faim, afin d’être reçues par les politiques…
Et vous savez quoi ? Elles ont réussi à faire plier le gouvernement pour interdire l’utilisation des sachets plastiques d’ici 2018. Depuis, leur association « Bye bye Plastic Bags » s’est répandue dans 9 autres pays, et ont toutes à leurs têtes des jeunes. Alors, les millennials, avenir de l’écologie ? Après tout, si l’écologie consiste à penser l’avenir, au monde de demain et à le préserver, quoi de plus logique qu’il soit entre les mains des plus jeunes. À l’heure où, même en France, les jeunes sont sensibles aux tendances écolos, à la slow food ou à manger bio, les marques devront plus que jamais prendre en compte leurs attentes !
Cette semaine, c’est la course contre les fake news. Après s’être pris un déferlement de reproches par la presse anglo-saxonne pendant la campagne présidentielle américaine, Facebook décide de s’allier avec la BBC pour « rendre la vérité plus attractive que le mensonge ». À travers le « Journalism Project », Facebook souhaite renforcer les liens avec les médias afin d’éradiquer l’apparition de rumeurs et de fausses informations sur le réseau social. Pour cela, l’entreprise potasse une fonctionnalité de signalement pour mettre fin aux éditeurs mal intentionnés, et la BBC compte muscler ses interventions sur le réseau pour faire triompher la vérité.
Comment expliquer cette vague de « fact-checking » ? En France aussi, ces techniques de décryptage font florès, preuve en est l’apparition de ‘Désintox’ pour Libération, ou ‘les Décodeurs’ du Monde. Certains chercheurs évoquent ce qu’ils appellent l’ère de la « post-vérité », à savoir ce moment où les discours politiques sont uniquement tournés vers les affects, sans prendre en compte la réalité factuelle. Lorsque ceux-ci sont repris sur les réseaux sociaux, environnement où tout est tourné vers l’affect – entre « likes » et « amis » – dur de faire émerger des raisonnements objectifs…
Et si la relation entre marque et éducation n’en était qu’à ses débuts ? La semaine dernière, on vous parlait d’Apple qui accueille de jeunes écoliers pour des excursions ludiques in-store, cette semaine, c’est Lego qui est accueilli à Cambridge… Hé oui, la prestigieuse université recherche un professeur de Lego. La Fondation Lego finance des recherches sur le développement des enfants par le jeu, d’où la nécessité d’un spécialiste de la psychologie de l’enfant, qui sache manier son outil d’apprentissage.
Mais pourquoi est-ce un enjeu pour les marques de s’immiscer dans l’éducation ? Sûrement parce que c’est une garantie sur le long-terme. Pour marquer des générations, mettez dans leurs mains vos produits dès le berceau, et vous êtes sûrs qu’ils grandiront avec comme une deuxième peau. Par ailleurs, se mêler à l’éducation des enfants permet aux marques de gagner en légitimité et de trancher entre simple divertissement et utilité… Manifestement, Lego a choisi son camp.
Ce qui est fascinant sur le Web, c’est la manière dont certains phénomènes viraux peuvent être détournés, modifiés, remaniés sans cesse. En témoigne une campagne indienne contre les violences faites aux femmes. Dans une vidéo, on voit des individus immobiles, sur la musique habituelle du Mannequin Challenge – ce défi qui consiste à rester de glace quelques secondes… Ensuite, au milieu des « mannequins », une femme se fait agresser. Le message est clair : ne restez pas de marbre face à la violence.
En somme, on part d’un défi de divertissement, à un message de sensibilisation éthique. De quoi cela procède t’il ? Les phénomènes sur le web sont des signes, au sens de Roland Barthes : un signe est composé d’un signifiant – ici, le défi Mannequin Challenge tel qu’il se pratique – et d’un signifié – ce que ce défi veut dire. La magie du web est de pouvoir détourner sans cesse le « signifié », en reprenant des codes digitaux et en leur faisant porter un message nouveau. C’est à partir de là que se crée une culture digitale, sans cesse transformée, changeante, grâce aux apports des internautes… Et dans les meilleurs des cas, on tombe sur de belles trouvailles ingénieuses, comme cette campagne.