Si vous pensez faire une « pause Facebook » au travail, sachez que… vous travaillez encore (pour les autres !). Et oui, là où on a l’habitude de percevoir les réseaux sociaux comme du divertissement, le chercheur Antonio Casilli nous explique cette semaine, dans les colonnes du Monde, qu’il s’agit en fait de travail invisible. Il appelle ça le « digital labor ». Comment ça ? C’est simple. Sur les réseaux sociaux, vous réalisez plein de petites tâches très lucratives pour les Gafas : quand vous likez, partagez, échangez, twittez, vous produisez des données.
Ces données vont ensuite être vendues aux entreprises. D’accord, mais pourquoi ne ressentons-nous pas ça comme un travail ? D’abord, c’est parce qu’il y a « ludification ». Lorsque nous sommes actifs sur les réseaux sociaux, nous y prenons du plaisir, donc pas l’impression de bosser ! La seconde, c’est que le côté pénible de ce travail est dévolu aux employés qui s’occupent de filtrer les contenus, de modérer les publications choquantes… Et nous, on n’y voit que du feu, tout en étant plongés dans « l’économie du clic ».
Vous pensiez que les GIFs n’avaient pas de morale ? Cette semaine, la campagne « Escalating GIFs » du réseau européen contre le harcèlement scolaire nous prouve le contraire. L’association a réalisé une série de GIFs destinés à sensibiliser les jeunes à la violence du « bullying ». À chaque GIF, on assiste à une scène réaliste qui dégénère peu à peu, au rythme des cuts à l’infini de ce format vidéo. Une manière de montrer qu’il s’agit bien pour ce problème d’une spirale infernale dans laquelle sont plongés les élèves qui le subissent.
Et pour s’adresser aux jeunes, quoi de mieux que de publier ces GIFs sur leurs réseaux de prédilection ? Giphy, Tumblr, Twitter, là où on a plus l’habitude de voir des chatons ou des coeurs partout, ou même là où l’on voit parfois des vidéos de persécutions virales auprès des jeunes. Car l’association joue sur deux tableaux : le premier, le harcèlement physique à l’école, mis en scène dans les GIFs de la campagne, mais aussi sa forme nouvelle, le « cyber-bullying » (harcèlement digital) . En s’imposant sur le digital, l’association compte bien faire réfléchir et concurrencer les contenus choquants qui impliquent des personnes touchées par ce problème. Et on la soutient !
Peut-on parler sincèrement de sujets graves sur Facebook ? À l’heure de l’hyper obsession de soi, du selfie, de la représentation du « je » sous toutes ses coutures… On se demande si il y a de la place pour un peu de gravité. C’est la question que se pose HighSnobiety cette semaine en analysant ce que sont les réseaux sociaux aujourd’hui… Et c’est pas joli. Un lieu ravagé par la concurrence aux likes, aux retweets, aux favoris, comme unique destin commun, un lieu où on l’on fait comme si on « partageait » alors qu’on ne fait qu’attendre la validation des autres.
Une économie de l’échange plutôt que du partage, puisqu’on se rend les likes comme un emprunt, et surtout… un lieu cynique où même une catastrophe naturelle/humaine devient l’objet d’un contenu pour la promotion de soi. Whaoo. On publie un post ému, attristé, pour montrer qu’on est ému ou attristé. Chaque tragédie est traduite en moyen de valider et de mousser son égo. Bon… Un tableau bien noir à relativiser. Au 18ème siècle déjà, Rousseau disait des hommes en société qu’ils étaient plongés dans l’amour-propre, à savoir cette volonté d’être préféré aux autres et de s’y comparer sans cesse… Comme quoi, ce constat n’a pas attendu les réseaux sociaux pour être tiré !
Bon, il est vrai : tous les chatbots qui existent ne sont pas indispensables. Ce qui ne veut pas dire que certains ne sont pas nécessaires ! Cette semaine, des membres éloignés de l’équipe de campagne d’Hillary ne s’avouent pas vaincus et lancent « Resistbot », qui permet aux utilisateurs d’envoyer un message à leur sénateur et au membre du congrès représentant.
Ce bot a été explicitement et exclusivement conçu pour résister à l’administration Trump et à faire porter la voix des citoyens mécontents auprès des principaux intéressés Républicains. Vous composez votre message dans le Bot et celui-ci est faxé au politique que le bot a identifié selon vos informations. Ensuite, vous recevez éventuellement une confirmation de réception. En somme, un bel alliage entre politique et technologie, qui devrait convaincre les plus hostiles : l’opération dure 5 minutes. Hum… Dis-donc, avec un moyen si pratique pour oxygéner un peu la démocratie, on pourrait en prendre de la graine en France, non ?
Vous avez vu le film « Split » ? Ce film raconte l’histoire d’un psychopathe qui héberge 23 personnalités distinctes dans son corps (et c’est tiré d’une histoire vraie). C’est un peu ce à quoi fait penser le chatbot « Replika », dont les créateurs ont été directement inspirés d’un épisode de « Black Mirror ». Celui-ci consiste à créer son propre double sur les réseaux sociaux : il vous suffit de discuter avec le bot pour que celui-ci épouse peu à peu votre personnalité. Votre manière de vous exprimer, vos tics de langage, votre tonalité, vos sujets de prédilection et ce jusqu’à vos blagues. Ensuite ? Ensuite, « il » pourrait discuter avec vos amis.
Il y a de quoi avoir le tournis, non ? Puisque le monde digital prend de plus en plus de place, certains pourraient imaginer y insérer un « moi » permanent… Imaginez un monde où chacun aurait son clone numérique, qui s’occuperait de toute la partie « digitale » de notre vie ! Faire les achats sur le net, discuter avec d’autres clones, faire votre file d’attente, actualiser ses réseaux sociaux, comme une seconde vie numérique. Qui nous survivra peut-être ?