#82 : DU 25 MARS AU 01 AVRIL

Pas si cool

Lorsqu’on pense à la Silicon Valley, on s’imagine des canapés moelleux et une ambiance de travail digne d’une cour de récré. Néanmoins, on remarque qu’on dispose de très peu d’information sur ce qui se passe vraiment entre les murs de Google et autres Facebook. Une enquête du Guardian vient nous les révéler cette semaine, et apparemment, il ne vaut mieux pas trop l’ouvrir chez les GAFAs.

Chez Facebook, si vous divulguez des informations à la presse sur vos conditions de travail, une équipe spéciale en interne sera chargée d’enquêter sur vos échanges jusqu’à votre éventuel licenciement. Sur votre contrat de travail, il est inscrit que Facebook est autorisé à pister votre vie en ligne, et vous soumettre à des fouilles aléatoires. Chez Google, sous couvert de propriété intellectuelle, vous pouvez faire l’objet d’outils d’espionnage – modalité inscrite dans le contrat – si vous ne rentrez pas dans le rang. De quoi rendre quasi-paranoïaque les employés. À croire qu’il n’y a pas que les utilisateurs des plateformes qui sont visés par les risques liés à leur vie privée…

Ah les données, les données…

Ce qui est sûr, c’est qu’avec le scandale de Cambridge Analytica, il n’échappe plus à personne que celles-ci sont un enjeu de démocratie. D’où le succès du thread – vous savez, cette succession de tweets d’un même utilisateur – d’un développeur web a priori anonyme sur Twitter. Celui-ci commence par « vous voulez flipper un coup ? je vais vous montrer toutes les informations que Google collecte sur vous sans même que vous vous en aperceviez ».

Votre géolocalisation, votre historique de recherche – sur une base de données annexe, si bien que si vous supprimez la vôtre, elle reste – votre historique Youtube, vos Googles docs – même ceux que vous avez supprimés – vos photos, les produits que vous avez achetés… Bref, en 37 tweets, Dylan Curran a de quoi nous faire tressaillir. Mais ce qu’on retient, c’est surtout le succès de ce thread : plus de 100 000 retweets et 200 000 likes. Est-ce que ce thread aurait eu un tel succès 3 voir 1 an auparavant ? Preuve que les polémiques successives sur les GAFAs commencent à faire bouger l’opinion publique sur le sujet.

Ouf tout n’est pas perdu…

Responsable du mal-être des jeunes, d’une difficulté à se construire, de la fuite de nos données… En ce moment, les critiques à l’égard du web et plus particulièrement des réseaux sociaux ont le vent en poupe. Néanmoins, une lueur dans la pénombre : cette étude de deux sociologues spécialistes de la dépression et du suicide, qui ont établi une fresque de ces phénomènes durant les dernières décennies.

Constat sans appel : le taux de suicide a mondialement et considérablement baissé. Pour diverses raisons, mais les chercheurs constatent que le taux coïncide avec la croissance des nouvelles technologies. En effet, celles-ci sont un vecteur d’intégration sociale et de lien social, permettent aux utilisateurs d’entretenir un réseau et une ouverture aux autres. Ce qui correspond précisément au projet de départ des réseaux sociaux : garantir notre lien avec notre entourage en dépit de la distance et du temps. Sur ce point, ça a l’air d’avoir marché.

Il va falloir être clair

Malgré la règle qui régit la transparence des publicités affiliées aux contenus des éditeurs sur Youtube, il semblerait qu’il y ait du laisser-aller sur la plateforme. Cette semaine, c’est une étude de l’Université de Princeton aux Etats-Unis qui nous le révèle. Après avoir analysé 500 000 vidéos sur Youtube et 2,1 millions d’images sur Pinterest entre août et septembre 2017, les chercheurs concluent que 90% des publicités ne sont pas « affichées » comme telles dans ces contenus.

Il semblerait que les créateurs de contenus aient du mal à l’écrire clairement : ils sont rémunérés à chaque clic sur un lien vers le site d’une marque. Prochaine étape pour les chercheurs : bâtir un outil capable de détecter des liens sponsorisés dissimulés dans un post. Ou attendre que Youtube copie Instagram, qui oblige les influenceurs à indiquer lorsqu’un post fait l’objet d’un partenariat avec une marque.

Quand le chat s’en va, les souris dansent.

Si on considère que le chat, c’est les plateformes qui subissent de plein fouet les polémiques liées à la confidentialité, et que les souris, c’est toutes les plateformes éthiques qui s’interdisent la collecte de données, alors imaginez les réjouissances chez Qwant. Qwant, c’est ce moteur de recherche gratuit qui fonctionne sans publicités, et préserve votre confidentialité. Cette semaine, l’entreprise française profite de la pagaille pour lancer sa version junior disponible sur smartphone dans 3 pays : une version dont les résultats de recherche sont adaptés aux 6-12 ans.

Si on était vicieux, on aurait tendance à dire que c’est un pied-de-nez à la plateforme « Youtube Kids« , lancée il y a peu et qui a subi les foudres des médias à cause de la présence de contenus conspirationnistes ou choquants, malgré les filtres de l’algorithme. Mais comme on n’est pas vicieux, on se contente de dire que c’est un joli coup de poker de la part de l’entreprise qui a attendu son heure pour booster son développement…

• Enfin, le retour du feed Instagram chronologique.
• À quoi ressemblera l’iPhone pliable d’Apple en 2020…?
• Prêt pour un voyage à 360 degrés au-dessus des toits de Paris ?