Cet été, la série qui a passionné les lecteurs sur la plage ne se trouvait pas sur les rangées de la FNAC, mais bien… sur Twitter. Hé oui, c’est sur le compte de Manuel Bartual, dessinateur espagnol, que les internautes en mal de frissons se sont donné rendez-vous. Tout commence par un banal récit de vacances : Manuel nous livre à travers ses tweets son séjour dans un hôtel au bord de la plage qui bascule peu à peu dans le thriller… Bon. Si vous ne l’avez pas lu, le voici en langue originale, ou sa traduction ici, vous lisez et vous revenez, d’accord ?
Parce qu’en réalité… Son histoire n’est que fiction. Le dessinateur avait tout planifié avec sa famille avant de partir en vacances pour renforcer son récit à coups de photos et de vidéos, qui n’ont pas manqué de berner les internautes. Ces derniers n’ont cessé de soutenir le dessinateur face aux « choses étranges » qu’il vivait en vacances. Si les plus crédules ont mal pris de s’être inquiétés pour rien, les autres l’ont remercié de les avoir divertis tout l’été grâce à son roman en tweets. En témoigne son succès : 300 000 abonnés en plus pour Manuel ! Ça fait réfléchir quant à l’avenir du roman policier, non ? Déjà, au 18ème siècle, certains écrivains publiaient leurs romans à suspense par épisodes dans les journaux nationaux, pour tenir en haleine les lecteurs. Aujourd’hui, le format qui s’y prête le mieux est peut-être Twitter, qui sait ?
Si la Silicon Valley a compris quelque chose, c’est bien que nous sommes dans l’époque du « voir« . Autrement, on ne saurait expliquer la chasse aux contenus qui a lieu entre les différents poids lourds. Lors de sa dernière conférence, Facebook annonçait la couleur, en pariant sur un fil d’actualité composé à 80% de vidéos à l’horizon 2020.
Mais cet été, la bataille s’est intensifiée : Apple qui annonce investir 1 milliard de dollars pour produire des séries, Disney qui préfère lancer son propre service de streaming plutôt que de renouveler son contrat avec Netflix, Facebook qui aspire à produire des séries et lance Watch, une plateforme dédiée aux contenus vidéos originaux, Amazon Prime Video qui débarque en France… Sans parler, au-delà du Pacifique, de SFR qui lance Altice Studio, sa chaîne séries et cinéma. À ce stade, on ne sait plus si l’objectif pour la Silicon Valley est de ravir la place d’Hollywood dans la production de contenus, ou de se disputer le monopole de notre attention dans leurs écosystèmes respectifs. Ce qui est sûr, c’est que certains en auront pour leur trône à l’issue de ces Hunger Games d’un nouveau genre : Netflix ou Youtube ?
Cet été, pendant que tout le monde avait le dos tourné, Snapchat est mort. Ou presque. Ça faisait des mois, depuis son entrée en bourse, que l’application était scrutée de toutes parts, au point de conclure à son déclin prochain. Les raisons ? Une baisse généralisée de son audience, et une peine à rattraper son concurrent Instagram ou Facebook. Surtout quand ces derniers ne lésinent pas à copier leur rival, à travers les « stories », les « filtres » et autres joyeusetés que l’on tient pourtant à Snap Inc… Tout cela a porté un coup dur à Snapchat, sans oublier le poids considérable de Facebook sur le marché publicitaire mobile.
Bon, on vous rassure, Snapchat devrait trouver de quoi survivre, grâce à son indéfectible coeur de cible : les 12-24 ans. Tandis que cette tranche délaisse Facebook, elle lui préfère encore Snapchat (et Instagram, certes… qui appartient à Facebook). Au-delà des chiffres, on formule une petite hypothèse : si la force de Snapchat tient dans son aspect « intimiste », puisqu’on y expose son quotidien qu’auprès de ses proches amis, contrairement aux autres réseaux sociaux… Alors, Snapchat doit d’abord parier son avenir sur ce qu’il nous reste de pudeur dans notre vie digitale. Mais jusqu’à quand ?
Si vous doutiez des progrès de l’intelligence artificielle, le processus de recrutement d’Unilever va vous faire une piqûre de rappel. En gros, ça fait un an que le géant de la grande consommation fait appel à Hirevue, un service RH qui fait converser les candidats avec une intelligence artificielle. Lorsque vous postulez via LinkedIn, vous êtes amené à faire des jeux basés sur les neurosciences d’une durée de 20 minutes qui analysent votre personnalité. Ensuite, si les résultats correspondent au profil recherché pour un certain poste, vous effectuez un entretien vidéo avec une intelligence artificielle qui vous « pose » des questions, et qui enregistre puis analyse vos réponses. Mots-clés, intonations de voix, manière de se tenir face à la webcam, tics de langage…
Tout est passé au crible et répertorié par le robot à travers des notes de compte-rendu qui iront dans les mains d’un responsable au moment où vous passerez votre journée d’essai. L’entreprise a fait le bilan : plus de diversité ethnique dans ses équipes et des parcours scolaires plus variés, le tout pour une meilleure rentabilité. Un bienfait vanté par l’entreprise en raison de la prétendue « neutralité » du robot qui échapperait aux préjugés face aux candidats… À condition que l’algorithme soit convenablement programmé. Hé oui, il ne faut pas oublier que les intelligences artificielles sont créées par des humains, autrement dit, si ceux-ci ont une vision biaisée du monde, pas de raison pour que le robot ne la reproduise pas !
Et si, à mesure qu’on devenait célèbre sur le net, on se transformait en bot ? Ça vous paraît insensé, mais c’est pourtant les résultats de l’étude de l’université de Cambridge parue cet été. Celle-ci nous informe que les influenceurs qui dépassent les 10 millions d’abonnés sur Twitter… ont tendance à se comporter comme des bots. What ?
À l’origine, le groupe de recherche s’intéressait à l’activité et l’impact des bots sur Twitter, qui représentent 15% du nombre d’utilisateurs global du réseau social. Cependant, leur algorithme, programmé pour identifier les bots, a mis les influenceurs dans le même sac, en raison des caractéristiques que ces deux types de comptes partagent. Date de création des comptes, nombre de tweets, fréquence des posts, type de contenu… La seule différence serait que les influenceurs partagent des contenus plus personnalisés (encore heureux). Quant au reste, la gestion de leur compte paraît plus automatisée. Peut-être en raison d’une notoriété sur le net qui nous rend aussi lisse qu’un bot ? Après tout, se comporter comme un bot, c’est la garantie de ne fâcher personne…