Les réseaux sociaux peuvent vous mener très loin. C’est le cas de Lissette Calveiro, influenceuse et instagrammeuse en herbe, qui raconte l’envers du décor dans le New York Post. Avide de likes et de commentaires, la jeune femme affichait sur son fil un train de vie digne d’une millionnaire bien lotie. Seul problème : elle occupait le poste de stagiaire non rémunérée dans une des villes les plus coûteuses du monde, New-York.
En définitive, elle a été contrainte de s’endetter, pour pouvoir assurer sa notoriété en ligne, et entretenir l’image qu’elle renvoyait à ses abonnés. Son crédo ? Pas deux photos avec la même tenue, restaurants quotidiens et voyages paradisiaques. Sauf que quand le porte-monnaie ne suit pas, ça conduit à de lourdes restrictions… La jeune femme a du s’abstenir de toutes dépenses pendant plus d’un an, pour rattraper les dégâts causés par son train de vie. Quand on vous dit que c’est le miroir aux alouettes, on ne plaisantait pas.
Quand vous mettez dans les mains des internautes une énigme à résoudre, vous pouvez être sûrs qu’ils vont tout faire pour la percer. Cette semaine, Patrice Reviron, avocat passionné et twitos aguerri, a publié un tweet dont il était loin de penser qu’il allait provoquer un tel raz-de-marée. « Appel à tous. Identifier l’origine de ce bouchon et son usage pourrait sauver un innocent empêtré dans un dossier criminel. Pouvez-vous m’aider à avancer ? », accompagné de photos d’un bouchon rouge pris sous tous les angles.
Alors là, dans le mille. On a tous un détective privé qui sommeille en nous, et les réactions à ce tweet l’ont prouvé : 7500 retweets, 2800 j’aime et 1000 réponses plus tard, l’avocat était noyé sous les hypothèses des internautes. Experts en emballage, techniciens de laboratoire, ou simple badaud, tous ont été interpellés par le tweet énigmatique de l’avocat. Voilà un des leviers clé de la viralité, qu’on connaît pourtant depuis des siècles : l’attraction pour l’énigme… et les dossiers criminels.
Quels sont les ressorts de la circulation de fausses informations sur le net ? C’est cette question que s’est posée la revue scientifique britannique Science à l’occasion d’une étude fournie sur la propagation de « fake news » sur le réseau social Twitter. Grâce à l’accès à la totalité de la base de données de la plateforme, ils ont pu analyser plus de 100 000 rumeurs, propagées sur 10 ans depuis sa création. Déjà, loin des préjugés, la grande majorité des rumeurs n’est pas impulsée par des influenceurs. En réalité, elles sont initiées par des internautes lambda, puis relayées par d’autres. Pourquoi ? Parce que les internautes, lorsqu’ils relaient une information qui va contre le sens commun, ont le sentiment d’être originaux, de se différencier de leurs pairs.
Dans un tel cas, les chercheurs rappellent le rôle anecdotique joué par les bots sur le réseau social dans la propagation des rumeurs… Enfin, l’étude démontre que malgré tout, le mensonge a toujours plus de succès que la vérité sur un réseau social. Si ce dernier peut atteindre jusqu’à 100 000 personnes sur Twitter, les récits vrais en revanche n’en atteignent qu’en moyenne que 1000. Comme disait Spinoza – au 17ème siècle – « il n’y a pas de force intrinsèque de l’idée vraie », autrement dit, la vérité est toujours moins attractive de nos jours…
Un célèbre dessin des années 90 montrait un chien devant son écran avec inscrit : « sur Internet, vous ne pouvez pas savoir que je suis un chien », pour dénoncer l’anonymat sur le web. Une chose est sûre, depuis, on ne sait toujours pas à qui on a affaire, et encore moins quand il s’agit de cyber-harcèlement. Çà a été le cas du créateur du site en vogue chez les ados « Bescherelle ta mère », qui recense toutes les erreurs d’orthographe dont on devrait avoir honte.
Celui-ci a été l’objet d’attaques violentes et répétées sur ses réseaux sociaux, et ce pendant plusieurs mois. Sauf qu’au lieu de laisser passer, et ayant la chance de maîtriser l’informatique, ce dernier a recherché coûte que coûte l’identité de son harceleur, à coups d’adresse IP et de filtrage des données de l’individu. Résultat : l’auteur des faits se prénomme Philippe, il est ancien militaire, et il a… plus de 60 ans. En définitive, quand on s’imagine plus volontiers un ado boutonneux frustré, on peut en réalité faire face à un adulte dit « responsable ». Comme quoi, l’éducation aux réseaux sociaux, c’est pas que pour les millennials.
On le sait, Youtube a de quoi balayer sur sa plateforme. À ce jour, la vidéo la plus vue est celle qui propage une théorie du complot, et d’autres contenus similaires apparaissent régulièrement dans les suggestions des internautes. C’est pourquoi la plateforme a décidé d’introduire des extraits du moteur de recherche participatif préféré des jeunes – pour leurs exposés – Wikipédia.
Ainsi, le spectateur verra apparaître des morceaux d’articles de l’encyclopédie en ligne pour contre-balancer le contenu de la vidéo qu’il regarde. Et c’est peut-être même une bonne idée. Mettons-nous dans leur tête deux secondes. Moins ça a l’air officiel, plus ils souscrivent à l’information. Donc, si les adeptes de la théorie du complot réfutent complètement les versions officielles, considèrent-ils pour autant Wikipédia comme un vecteur de vérité ? L’information sur Wikipédia peut leur apparaître plus familière, plus proche d’eux, car éditée par d’autres internautes, fonctionnant uniquement sur le participatif et n’étant pas adossée à une institution ou à un état… et donc potentiellement plus susceptible d’être crue.