Cette semaine, c’est les Madame Irma du digital qui font des siennes. Depuis un mois environ, des comptes « medium » pullulent sur Instagram et intriguent les jeunes internautes. Il suffit d’envoyer un message privé demandant « qui je suis » ou « quel est mon passé » pour que le medium du web rétorque des informations… manifestement exactes.
À coups de « tu as 17 ans, tu habites à Bordeaux, tu as deux frères » ou « tu t’es disputé hier avec ton meilleur ami et tu as regretté », captures d’écran à l’appui, les oracles en herbe prennent de court leurs interlocuteurs. Ce qui entraîne la foire aux hypothèses : piratages intensifs ? Prise de contact avec un ami de l’internaute concerné ? Ou que des captures d’écran avec des complices et donc fake ? En réalité, vu l’âge de la plupart des petits curieux, il y a des chances pour qu’il ne s’agisse simplement d’un manque de confidentialité. D’après le CNIL, 96% des 8-17 ans alimentent régulièrement leurs réseaux sociaux, ce qui peut largement suffire à récolter un nombre d’informations suffisant (et effrayant) pour leur tirer le portrait en ligne…
Comme vous le savez sûrement, Mr Trump prend plaisir à tweeter comme il respire, jusqu’au jour où une formule incompréhensible a déclenché un tollé sur la toile. « Despite the constant negative press covfefe » ; tel était le tweet, supprimé depuis, qui a enflammé les foules : mais que veut bien dire « covfefe » ? Le Président a ensuite mis au défi ses followers de décrypter ce que voulait bien dire cette expression malheureuse.
Cette semaine, c’est un élu démocrate qui a décidé de s’en emparer pour lui donner une signification, et pas n’importe laquelle… À travers la loi Covfefe (pour « Communications Over Various Feeds Electronically For Engagement »), l’élu propose de sauvegarder les tweets émis par le Président pour les conserver aux archives nationales. En ce sens, chaque tweet serait considéré comme une déclaration officielle, devant laquelle le Président serait tenu pour responsable juridique. Un moyen pour ne rien oublier des élans numériques du Président, et peut-être même d’enrayer sa frénésie du tweet…
Comment expliquer le souci de vie privée formulé par les citoyens, alors même qu’ils utilisent des plateformes qui exploitent leurs données personnelles ? C’est ce paradoxe que des chercheurs américains ont tenté de soulever à travers une étude parue cette semaine. Ils ont analysé les choix de 4000 étudiants concernant la confidentialité de leurs données… et découvert une dissonance cognitive.
Mais oui, vous savez, quand vous avez une conviction, mais que les actions ne suivent pas. Par exemple, 98% des personnes interrogées acceptaient de délivrer des adresses e-mail en échange de pizzas gratuites. C’est-à-dire qu’en pratique, ils sont beaucoup moins précautionneux, en témoigne également la propension à accepter n’importe quelle page de « conditions d’utilisation » si tant est qu’elle soit trop longue à lire. En réalité, les pratiques liées aux réseaux sociaux sont apparues bien avant leurs critiques et la prise de conscience vis-à-vis de la gestion de nos données. Il faudrait attendre que la théorie rejoigne la pratique…
Pour une fois qu’un défi n’est pas dangereux… Cette semaine, c’est « the floor is lava » qui envahit les internets. Si quelqu’un vous adresse cette phrase – « le sol est de la lave » en français – vous avez 5 secondes pour ne plus toucher le sol. Une version digitale de notre bon vieux chat perché en somme. D’après les historiens des mèmes, ce jeu apparaissait en 1948 dans une nouvelle de Roahl Dahl, avant d’être transformé et réadapté à travers les âges, jusqu’à ce qu’un couple poste une vidéo sur Youtube compilant leurs challenges les mieux réussis.
87 millions de vues sur Facebook plus tard, de l’Espagne à la Russie en passant par les Etats-Unis, le challenge vient joyeusement remplacer les précédents… Et on se demande toujours ce qui fonde leurs succès. On a une petite idée : et si les défis du net nous permettaient simplement de se comporter comme des enfants sans culpabiliser ? Car après tout, quand on jouait à chat gamins, on appelait simplement ça « un jeu ». Mais ça fait moins mature que « challenge », on vous l’accorde !
Cette semaine, c’est la santé des jeunes enfants qui est en débat. Depuis quelques temps, on entend de plus en plus parler de dégâts sur la santé des enfants de moins de 3 ans surexposés aux écrans, que ce soit à travers des troubles du langage ou du risque d’obésité. Au cours d’une conférence relayée par The Independent, Mandy Saligari, spécialiste dans les addictions, lâche la bombe : « Je dis toujours aux gens : lorsque vous donnez à votre enfant une tablette ou un téléphone, c’est comme si vous lui donniez une bouteille de vin ou un gramme de cocaïne ».
D’après la thérapeute, les écrans auxquels les enfants sont exposés agissent sur les mêmes zones du cerveau que les drogues qui entraînent l’addiction. En cause, des applications qui se révèlent hautement addictives pour les têtes blondes. Dès lors, la solution est simple : mettre dans un coffre-fort smartphones et tablettes… ou tenter de détecter au plus vite l’addiction de l’enfant. Et pourquoi pas une signalisation visuelle sur les applications, comme sur les programmes télévisés ?