SEMAINE #46 : DU 13 AU 19 NOVEMBRE

Lâchez-nous la grappe

Les réseaux sociaux modifient nos modes de vie, ça on le savait. Mais à quel point ont-ils produit de nouveaux codes d’interactions avec nos pairs ? Cette semaine, c’est le magazine anglais Dazed qui répond, à l’occasion d’une tribune au vitriol sur les notifications « Vu » des réseaux sociaux. Avez-vous déjà été frustré qu’un ami ne vous réponde pas alors même qu’il avait vu votre message ? Avez-vous déjà vérifié si il s’était connecté entre temps, et déduit qu’il ne répondait pas sciemment ? Avez-vous déjà fait exprès de ne pas ouvrir un message, pour éviter la mention « Vu » ? Avez-vous déjà été gêné(e) de répondre tardivement à un message pourtant « Vu » ? Si vous vous reconnaissez, c’est normal.
La mention « Vu » est l’occasion d’une série de récits imaginaires et de narrations que l’on se fait à propos de nos interactions avec nos amis, qui provoquent inquiétudes et anxiété. D’après la tribune, on peut même assimiler ces stratégies à des comportements compulsifs du fait même de cette fonctionnalité. À l’époque de la notification, nous sommes assaillis de stimulis auxquels nous devons répondre dans la seconde, au risque de paraître dédaigneux…

Qu’est-ce qu’un ami à l’heure du digital ?

Alors même que l’on ne compte plus ses amis Facebook, il semblerait pourtant qu’un doute persiste sur la définition de ce terme dans un régime numérique. C’est Facebook qui nous en fait la démonstration cette semaine, en appliquant en France une étrange fonctionnalité, déjà en vigueur auprès de ses utilisateurs américains. « Prendre ses distances« , c’est donc cette nouvelle option dont vous disposez pour restreindre l’accessibilité de vos contenus auprès d’un de vos « amis ».
Non, non, il ne s’agit pas de le bloquer, simplement de protéger discrètement votre vie privée à l’égard de vos contacts, sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Avec cette option, vous avez vous-même une visibilité limitée de cette personne dans votre feed, comme elle du vôtre. Il y a pas un paradoxe ? « Prendre ses distances » au sujet d’un « ami » Facebook ? C’est bien la première fois que Facebook nous en fait l’aveu face à face : non, vos amis Facebook ne sont pas vos vrais amis. Seulement un spectre de connaissances, plus ou moins étendu, avec lequel vous entretenez des relations parfois même distendues. On attend de voir la prochaine option : « désigner comme ennemi »….

Le temps est d’or

Décidément, au sein de la Silicon Valley, la parole se libère. On vous parlait il y a peu de cet employé de Facebook qui critique vertement l’impact des réseaux sociaux, et c’est au tour cette semaine de l’ex-président de hausser le ton à propos de ce qu’il a contribué à produire. Mais chez Google également, un ancien développeur semble plus lucide sur les conséquences des nouvelles technologies… Tous dénoncent la même chose, cette fameuse « économie de l’attention« . C’est ce modèle économique des réseaux sociaux, qui repose essentiellement sur le temps que l’on passe sur ces plateformes, à interagir et cliquer, en vue de produire des données monnayables aux entreprises.
L’ancien de Google regrette ce modèle, qui néglige la dimension précieuse du « temps » des utilisateurs. Selon lui, il faudrait que le temps soit protégé au même titre que la confidentialité et la vie privée des utilisateurs… et mine de rien, ça a du sens. Et si le temps devenait un droit fondamental, dont toute tentative de « perte » serait sanctionnée par la loi, vous imaginez ? Après tout, le temps est d’or… même si c’est de l’argent pour les réseaux sociaux.

Juste en passant…

Cette semaine, on vous parle de cette appel lancé par 15 000 scientifiques à la Terre entière, pour nous mettre en garde sur nos comportements destructeurs pour la planète. Hé oui, au moment même où vous lisez cet article, les scientifiques nous informent que la consommation excessive des ressources naturelles nous fait courir à notre propre perte. D’après eux, cet impératif vital n’est pas suffisamment pris au sérieux par les États et même par les relais médiatiques.
Et si on en parle, c’est précisément pour cela : à l’ère de l’immédiateté, du court-terme, du « tout de suite » et du « maintenant », il est de plus en plus difficile pour les humains d’imaginer une échéance qui ne soit pas située dans les 20 minutes. La manière dont les individus perçoivent le temps s’est considérablement transformée au tournant de l’ère technologique, obstruant notre idée du long-terme. Ça pourrait même confiner au cynique. Pendant que vous parcourez l’écran de votre téléphone d’un air pressé, entre deux SMS envoyés à la volée, ça vous fait pas de mal de le savoir. On vous dit ça en passant.

Stop aux clichés

Lorsqu’on travaille dans les métiers de la communication, certains clichés ont encore la peau dure, et il est difficile de les débaucher. Alors s’agissant des seniors, on vous dit pas le tableau… Représentés dans les pubs comme des OVNIs hostiles aux nouvelles technologies, le cliché du « vieux » en retard sur le progrès n’est jamais loin. Ça tombe bien, cette semaine, une étude de l’institut YouGov vient balayer nos a priori.
La catégorie des seniors, qui correspond aux plus de 50 ans, est bien plus connectée qu’on ne le croit : 70% d’entre eux possèdent un smartphone ET un ordinateur, et 87% utilisent Internet plusieurs fois par jour. La moitié de ces internautes fait ses achats sur Internet, échange par mail et fréquente MÊME les réseaux sociaux. Encore mieux, 8% des plus de 75 ans surfent sur des sites de rencontre… Alors, verdict : on est bien loin du mythe du senior plus à même d’apprivoiser un minitel qu’un iPhone. Vous allez regarder vos parents et grands-parents autrement, n’est-ce pas ?

• Hey, un frenchie un peu fou chez Jimmy Fallon, c’est plutôt rare, non ?
• Deux génies se font passer pour Daft Punk et partent en tournée (non, pas une blague)
• Qui a dit qu’on ne pouvait pas enfermer des beaux paysages ?